Au nom de la loi

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il y a 4 ans

Au nom de la loi

Soudain, il n’y eut plus un bruit dans la rue, c’est comme ça que Laurence s’en rappelle, et c’est ce qui aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, comme un jour férié quand tous les habitants de l’immeuble ont migré à la campagne ou ailleurs. Et la sonnette de sa porte qui vint rompre le silence, pas l’interphone, non, mais bel et bien quelqu’un qui avait pu monter dans les étages.

Elle hésita un peu: legging blanc et t-shirt à manches longues, oui, elle se trouvait présentable.

Un bel homme en uniforme, c’est ce qu’elle découvrit en ouvrant la porte, qu’on aurait pu confondre avec un représentant de commerce ou un vendeur d’assurance vie. Mignon, oui, ça c’est sûr, mais elle connaissait l’uniforme et ça ne pouvait que l’inquiéter.

  • Police Sanitaire, madame. Vous permettez que j’entre?

La question était pure forme et n’attendait pas vraiment de réponse. D’ailleurs, il était déjà entré, refermant la porte derrière lui.

  • Madame, nos services ont détecté une baisse de libido importante dans cette zone depuis quelques semaines et très exactement de cet appartement. Vous connaissez la situation délicate du pays et la loi de 2019, j’en suis certain.

  • Mais... Ecoutez, ce doit être une erreur, monsieur,...

  • Lieutenant.

  • Lieutenant, ça doit être une erreur: j’ai signalé mon changement d’état civil il y a deux mois, mon mari a quitté le domicile, nous sommes en instance de divorce.

Il prit un air sévère, pas content d’être pris en défaut, et tendit le bras gauche pour la faire reculer.

  • Un pas en arrière, madame. Le temps de vérifier.

Et de lever sa main droite vers sa bouche pour parler à son poignet. Demander au central une vérification d’information.

  • Ca va prendre quelques minutes. Madame, depuis combien de temps n’avez-vous pas été attachée?

C’était dit. A se demander si quelqu’un l’avait dénoncée ou pas. Son ex-mari peut-être? Non, même s’ils ne s’entendaient plus, il ne pouvait pas lui envoyer la police, pas lui. Un voisin? Elle ne se rappelait pas s’être froissée avec aucun d’entre eux, bien au contraire, tout le monde s’entendait à merveille dans l’immeuble. Alors, quoi? Quoi faire? La police sanitaire avait la réputation de rendre obsolète n’importe quel détecteur de mensonge. Alors, dire la vérité?

Laurence se figea.

  • Je... ça fera huit semaines demain, lieutenant.

S a n g froid, maîtrise du geste, pas de précipitation, il glissa une main dans sa poche pour attr a p e r un collier de serrage en plastique.

  • Je vois. Restez calme, madame. Tournez-vous et mettez les mains dans le dos.

Elle avait peut-être une chance de s’expliquer quand même.

  • Attendez s’il vous plaît. Justement, une voisine devait passer cet après-midi pour m’attacher, il y a plus de deux heures. C’est pour ça que je suis là. Elle a sûrement été retardée mais elle va arriver. Je peux même aller la chercher si vous voulez.

  • Ne bougez pas, madame. On va vérifier tout ça mais tournez-vous. D’accord?

On lui avait dit qu’ils pouvaient se montrer v i o l e n t s, Laurence ne se sentait pas rassurée du tout, même si cet officier semblait très calme, posé et pas le moins du monde agressif. Alors elle se tourna, mit les mains dans le dos et sentit le collier en plastique se resserrer sur ses poignets. Trop serré. Ca lui pinçait la peau si bien qu’elle ne put retenir une grimace.

  • Désolé si je vous ai fait mal. Où rangez-vous vos cordes?

Bien sûr, elle allait répondre mais déjà il s’était éloigné, cherchant à droite et à gauche, désignant l’entrée de la chambre:

  • Là ? Oui, évidemment, ça ne peut être que là.

Alors il s’y engouffra et reparut moins d’une minute plus tard en tenant le sac où elle conservait ses cordes, bâillons et autres accessoires. Pas besoin d’être un fin limier pour le trouver: il était rangé dans le placard de la chambre. On lui avait toujours dit qu’en cas de contrôle, c’était moins suspect s’il était à portée de main; ça laissait penser qu’il était véritablement utilisé.

De retour derrière elle, l’officier saisit une corde qu’il plia en deux et lui entoura la poitrine par dessus son chemisier, juste sous les seins qui remontèrent un peu, et la tira fermement dans son dos. La corde très longue lui permit de faire deux autres tours à ce niveau, puis deux autres au dessus, lui écrasant légèrement les seins, avant de la faire passer par dessus l’épaule droite, de la nouer entre ses deux seins et de la ramener dans son dos par dessus l’épaule gauche.

  • Mais puisque je vous dis que ma voisine doit passer. Je vous assure, tout ceci est inutile.

Peine perdue, il ne semblait pas écouter le moins du monde, concentré sur le noeud qu’il terminait. Solide. Tendu.

  • Je compte bien vérifier ça, madame. Ne vous inquiétez pas.

Continuant son ouvrage, il lui entoura le ventre un peu plus bas que le nombril d’une autre corde elle aussi pliée en deux, enserrant aussi ses poignets et de la même manière il en fit trois tours plutôt serrés, et finit en faisant passer les derniers centimètres entre le dos de Laurence et ses poignets. Plus elle était attachée et plus il semblait se détendre. Finalement il la fit asseoir par terre, adossée contre le canapé. Là il entreprit de lui ligoter les chevilles, croisées, les jambes repliées si près du corps qu’il termina en nouant la longueur restante aux cordes qui lui enserraient la poitrine, juste entre les deux seins.

Laurence se retrouva ainsi comme en tailleur, la tête penchée en avant et incapable de se relever.

  • Quel appartement?

  • Pardon?

  • La voisine. Quel appartement?

  • C’est le 32, à l’étage supérieur.

Elle essaya de lever la tête suffisamment pour le voir. Juste assez pour distinguer sa silhouette qui se dirigeait vers la porte. Il ne bluffait donc pas tout à l’heure et allait vraiment vérifier. Pourvu que...

  • Attendez! S’il vous plaît, attendez. Vous n’allez pas me laisser comme ça, hein?

  • C’est juste, vous avez raison.

Il rebroussa chemin mais pas pour la libérer, non. Un instant plus tard, un bandana était glissé entre ses lèvres et noué très serré sur sa nuque. La porte d’entrée se refermait doucement. Il était peut-être encore temps d’appeler à de la clémence mais à quoi bon. Si au moins Véronique voulait bien confirmer son histoire, elle pourrait éviter une peine d’internement...

Le temps peut sembler très long lorsqu’on est pliée en deux, ligotée et bâillonnée. Laurence en faisait l’amère expérience. La loi est la loi mais jusqu’à ce jour elle l’appliquait a minima avec son mari - ex-mari devrait-on dire - en se contentant d’une paire de menottes aux poignets et aux chevilles quand ils regardaient tranquillement le film du dimanche soir à la télévision. Pas de bâillon ou rarement. Lui était plus respectueux des règles: il insistait pour être solidement attaché et plus régulièrement. Ainsi, de se retrouver toute contrainte et incapable de retenir sa salive ne l’enchantait pas du tout.

Il ne s’était écoulé que dix minutes quand on frappa à la porte - Laurence aurait parié sur presque vingt-cinq - et que Véronique apparut. Comme à l’habitude quand on la croise dans l’immeuble, cette femme au bord de la cinquantaine portait une jupe large, noire en l’occurrence, et un chemisier blanc très soigné fermé très près du cou. A peine entrée, elle se précipita:

  • Oh mon Dieu, Laurence... Est-ce que...

D’emblée, elle se mit à défaire cette corde qui remontait des pieds vers sa poitrine. Enfin Laurence put se redresser un peu, soulagée, avant qu’on ne fit glisser le bâillon hors de sa bouche.

  • Ah! Merci Véronique. Je suis désolée de vous avoir impliquée là-dedans...

  • Ce n’est rien, ma petite Laurence, ce n’est rien. Tu sais, moi et la police... Non d’un chien, comment est-ce qu’il t’a attachée!

Tout en discutant, elle défaisait une par une les cordes qui la retenaient. Laurence paraissait soulagée, ça se lisait sur son visage. Bientôt il ne resta plus que ses mains et ses pieds à détacher. Véronique peinait à défaire le noeud caché entre ses chevilles mais gardait le sourire:

  • J’y suis presque, ma chérie. Je vais quand même avoir besoin d’une pince ou de ciseaux pour couper le zip sur tes mains. Tu as ça quelque part?

Elle lui indiqua le troisième tiroir dans la cuisine.

  • Et voilà!

  • Merci encore Véronique. J’espère que je ne vous ai pas causé de problème mais c’est tout ce que j’ai trouvé à dire à ce policier sur le moment. Sinon, j’étais bonne pour un week-end en centre de réhabilitation, c’est sûr.

  • Pas d’inquiétude: nous finissions justement une séance avec mon mari, je venais de lui enlever son bâillon quand ce capitaine - ou lieutenant, je ne sais plus - a sonné à la porte. Du coup, il l’a trouvé par terre au milieu du salon dans une belle robe de soirée noire en satin, de longs gants d’opéra, des bas et de talons hauts, ligoté très serré. Mon cher mari se targue d’être un bon citoyen: hogtie très serré, coudes joints, double-bâillon, etc. Bon, pour le coup, je venais de le lui enlever le bâillon. Alors le policier a fait de sa grosse voix: ‘bâillon! allez-y, allez...’. Toujours besoin de se donner de la contenance ces gars de la police sociale, et l’air de tout savoir mieux que les autres. Et ben, le bon citoyen, je lui remis ma culotte dans la bouche et j’ai serré un foulard par dessus!

  • Oh, non! C’est de ma faute.

  • Mais non! Il sera tellement fier de s’en vanter à la première occasion... Et puis, il valait mieux le faire taire: il aurait été capable de répondre à côté quand Columbo m’a demandé si j’avais prévu de venir d’attacher aujourd’hui. J’ai profité que son téléphone se mette à sonner pour descendre. D’ailleurs il me faisait des signes de la tête, comme si j’étais sa domestique qu’il congédie. Non mais !

Au début détendue, souriante même, Laurence se referma. Avec son petit air rebelle, Véronique l’amusait, et d’imaginer son mari en situation lui rappelait de bons moments. Mais un détail la dérangeait:

  • Son téléphone? Vous voulez dire qu’il n’est pas parti?

  • Je... Non. Enfin, pas encore.

  • Mais il va revenir alors! Oh non. Véronique, vous devez me rattacher. S’il me trouve comme ça...

Laurence était au bord de la panique. Plus calme, Véronique entreprit de la rassurer, même si elle prenait un air beaucoup plus grave.

  • Ca va aller. Oui. Tu as raison. Enlève ton haut, ne garde que ton legging. Et...oh! tu ne portes pas de soutien-gorge?! Bah, peu importe. Allez, assied-toi ici ma chérie.

Véronique avait tiré une grande chaise vers le milieu de la pièce et ramassé une longue corde. Elle avait regardé dans le sac, rapidement, mais elle savait de quoi elle pouvait disposer. Prête. A l’inverse de Laurence, pieds nus, seins nus, et hésitante. Pourtant elle savait qu’à tout instant le policier pouvait revenir. Alors, elle s’assit, plaçant ses mais derrière le dossier de la chaise sans attendre qu’on le lui demande.

En quelques minutes, elle se retrouva ligotée. Ses poignets attachés ensemble, les bras bien parallèles, tirés vers le bas, la corde fixée à un barreau horizontal de la chaise. Elle se tenait bien droite, collée au dossier, retenue par quelques tours de corde au niveau de la taille et plusieurs encore autour de sa poitrine et de ses bras. Ses cuisses et ses genoux étaient solidement attachés. Véronique termina par les chevilles en les attachant parallèles, tirées sous la chaise par ce qui restait de la corde, et fixées au même barreau que celle qui descendait de ses poignets.

  • Ca ira? Tu préfères que j’en rajoute un peu?

  • Non. Je pense que ça ira.

Comme pour confirmer, Laurence s’agita un peu sur la chaise. Effectivement, ses liens semblaient tendus, sans lui faire mal, impossible de bouger. Elle les examinait vite fait. Quand elle releva les yeux, Véronique tenait dans sa main un rouleau d’adhésif gris.

  • Ah...

On notait de la déception ou de la résignation dans sa voix.

  • C’est pour me bâillonner je suppose?

  • J’ai bien peur d’en être obligée, ma petite Laurence.

  • D’accord... Allez-y et... oh, non, non! Attendez, s’il vous plaît... Mes cheveux... Dans le sac, il doit y avoir un bonnet de bain, blanc, en plastique. Ca protégera mes cheveux et ...

  • Je l’ai!

L’affaire fut donc réglée: elle lui enfila le bonnet sur la tête, cachant bien ses cheveux dessous, plia un foulard en une boule épaisse qu’elle présenta devant sa bouche et l’y enfonça avant d’appliquer l’adhésif tout autour de sa tête. Une opération soigneuse pour Véronique qui tentait de réaliser le bâillon le plus lisse possible, depuis la racine du nez jusqu’au menton.

Puis elle chuchota:

  • Ca va?

Laurence hocha la tête. Si elle avait pu sourire... Tant de délicatesse à se faire ligoter, ça changeait. Et puis un foulard propre dans la bouche, ça lui semblait bien mieux qu’une petite culotte sale, en particulier celle qu’elle apercevait dans l’ouverture de sa chambre, là-bas.

C’est à ce moment-là que le lieutenant reparut.

Le visage de Véronique se ferma. Impressionnée ou inquiète. Elle avait beau se dire qu’elle n’avait rien à se reprocher, on ne savait jamais vraiment à quoi s’attendre avec les gens de la police sociale. Certains lui avaient parlé d’internements d’un ou deux jours, jamais eux, toujours quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui... Ce n’était pas de la légende urbaine mais pour peu on pouvait le croire.

  • Bien...

L’officier afficha un air satisfait en découvrant Laurence ligotée et bâillonnée, pas jusqu’à féliciter l’une ou l’autre, mais quand même... Il s’approcha et prit le temps de tourner tout autour de la chaise, tirant sur une corde là, vérifiant un noeud ici. Véronique se tenait droite juste à côté, les mains jointes devant elle.

  • Est-ce que ça ira, lieutenant?

  • Oui, oui. Belle initiative, madame.

  • Merci. Et bien dans ce cas, je vais vous laisser...

Un dernier regard vers Laurence avant de se diriger vers la porte, impatiente d’échapper à l’autorité publique.

  • Un instant s’il vous plaît. Vérification de routine: quand avez-vous été attachée pour la dernière fois?

Stoppée dans son élan, Véronique se retourna et cette fois elle semblait vraiment inquiète.

  • Mais. Pourquoi me demandez-vous ça, lieutenant? Vous avez bien vu mon mari tout à l’heure. Nous sommes en règle, je vous l’assure.

  • Aucun souci. En ce qui le concerne, madame, mais et vous ? Répondez à la question.

Il venait de prendre une fine corde dans le sac, qu’il pliait en deux tout en s’avançant vers elle. Celle-ci tétanisée était en train de perdre ses moyens, livide.

  • Qu’est-ce que vous faites? Attendez, laissez moi réfléchir. Oui, oui. Je sais! C’était il y a trois semaines, un vendredi soir. Il m’a fait asseoir par terre, toute nue, il a attaché mes pieds ensemble puis les mains devant moi, croisées, sous les jambes. Ensuite il a joint mes poignets et mes chevilles, vous voyez, j’étais toute penchée en avant, la poitrine contre les genoux. D’ailleurs, il a ajouté une corde qui passait sous mes cuisses et sur mon dos. Après, il m’a demandé quel bâillon je souhaitais, j’ai dit du tape, et il m’a bâillonnée avec du sotch marron, vous savez, celui qui sent très fort la colle et qu’on utilise pour les emballages, il sait que je déteste celui-là, pourtant il m’en a collé au moins six morceaux sur la bouche.

Alors qu’elle parlait, le policier s’était rapproché de plus en plus. Elle venait de finir son histoire plaquée contre le mur, les bras tirés en arrière et sentait la corde qu’il enroulait sur ses poignets collés l’un contre l’autre, par dessus les manches de son chemisier.

  • Mais pourquoi faites vous ça? Je vous jure que c’est vrai. Retournez voir mon mari, demandez-lui si vous ne me croyez pas!

  • Madame, c’est bien ce que j’ai fait. Et ce n’est pas exactement ce qu’il m’a raconté, voyez-vous.

Le ton irrité de sa voix ne présageait rien de bon, Laurence le sentait bien, tout aussi inquiète pour elle que pour Véronique maintenant, propulsée sur le sofa, les mains liées dans le dos. Et voici que l’officier s’agenouillait et lui attachait les chevilles, sans prendre le temps de lui enlever ses chaussures à talons, faisant passer le lien autour des chevilles et sous ses chaussures.

  • S’il vous plaît, puisque je vous le dis...

Et la voilà retournée à plat ventre sur le sofa, les jambes relevées vers ses fesses pour finir son ligotage en hogtie. On dit toujours de ne pas résister à un agent de la police sociale. Si elle s’en était souvenue, Véronique n’aurait pas senti ses mains toucher ses talons...

Laurence assistait à ce spectacle, toujours attachée sur sa chaise, tournée face à elle mais impuissante, sauf à lancer de petits ‘Mmm Mmm’ lorsque l’officier se dirigea vers la salle de bain. Il revint très rapidement, tenant dans ses mains un de ses collants: à coup sûr, il venait de fouiller dans sa corbeille à linge sale, et celui-là, c’est celui qu’elle avait porté la veille toute la journée, prêt à s’en servir pour bâillonner Véronique.

  • Non. Un instant. Attendez...

Il s’arrêta.

  • Je... Je me suis trompée, j’ai confondu. C’était avant. Oui, je me rappelle maintenant. Il y a trois semaines, c’était chez ma belle-soeur, le dimanche... Son mari vient de partir pour un mois en voyage d’affaire.

  • Et ?

  • Il est arrivé qu’il retarde son retour d’une semaine. Alors elle craignait de se retrouver en infraction. On a bu le café ensemble et elle nous a demandé avant de partir si nous pouvions l’attacher. Mon mari a suggéré de m’attacher moi aussi, comme ça moi aussi je serais en règle. Ma belle-soeur est allée me chercher une vieille blouse en nylon du siècle dernier, un de ces vieux vêtements de femme de ménage ou presque. Elle, elle avait passé un maillot de bain une pièce, vous voyez, un de ces trucs intégral qui vous recouvre entièrement jusqu’aux épaules. Et des gants de ménage en caoutchouc. Parfois j’ai du mal à comprendre ma belle-soeur - je l’aime beaucoup, c’est pas ça - un bonnet de bain, ça m’aurait semblé plus adéquat, des lunettes de piscine aussi peut-être, des gants! Pfff...

Bref, mon mari m’a demandé d’enlever mes vêtements et de passer la blouse; j’ai quand même gardé ma culotte et mes bas. Et pendant que je me changeais, il a commencé à l’attacher à l’un des poteaux sous la mezzanine. D’abord, elle a joint les mains dans le dos, les doigts croisés, et il lui a enfilé un petit sac en plastique transparent dessus, il semblait assez épais, en le tirant vers le haut le plus possible, puis il lui a scotché les poignets par dessus avec un rouleau d’adhésif noir. Les gants, le sac, le scotch: elle n’était pas prête de s’en sortir.

Ensuite, il l’a poussée contre le poteau et l’y a attachée: plusieurs tours d’adhésif au niveau du ventre, pareil au niveau des chevilles et au niveau des épaules. Après, il a trouvé un grand rouleau de film transparent, il a commencé à l’envelopper par les pieds et il l’a entièrement filmée au poteau en tournant et en remontant jusqu’aux épaules. Elle a fini complètement immobile, et ravie. C’est moi qui l’ai bâillonnée à ce moment-là, avec un joli bâillon-boule blanc s a n g lé derrière sa tête. Je l’ai fait sans aucune méchanceté ni esprit de revanche même si l’accoutrement qu’elle m’avait choisi ne me plaisait guère; je me sentais assez ridicule pour tout vous dire. Malgré tout, je l’apprécie beaucoup ma belle-soeur, elle avait eu l’occasion de nous ligoter ensemble quelques fois moi et mon mari, d’une façon très agréable et très attentionnée...

Donc là, ça a été mon tour: mon mari m’a placée dos à l’autre poteau et il m’a attaché les poignets dans le dos, derrière le poteau, les mains paume contre paume. Avec une corde. Puis il m’a ligotée de la tête aux pieds: un harnais de poitrine, le haut des cuisses, très haut, presque à hauteur des fesses, au-dessus des genoux et les chevilles. Ridicule mais solidement saucissonnée. J’ai à mon tour été bâillonnée, avec un long morceau de tissu blanc qui faisait deux fois le tour de ma tête, croisé dans ma bouché puis noué sur ma nuque. Bah, ce n’est pas ce qu’il y a de pire, mais je trouve assez désagréable de mordre là-dedans. Il nous a laissées comme ça pendant presque trois quarts d’heure. Ah oui! avant de nous détacher, sa soeur lui faisait MMmmooo-ooo: elle a réussi à lui faire comprendre de nous prendre en photo. Il a pris mon téléphone. Si vous remontez chez moi, vous verrez que je dis la vérité: la photo doit f o r c é ment être dedans et il y aura f o r c é ment la date et l’heure quelque part...

Il faut croire qu’elle l’avait convaincu finalement puisqu’il se détendit, baissant les bras.

  • C’est inutile madame, ça correspond à peu près à ce que m’a dit votre mari.

Détendu... pas tant que ça. Il gardait sa voix grave et froide, mais dans sa grande mansuétude défit le hogtie au grand soulagement de Véronique qu’il remit assise. Assise mais toujours les mains et les pieds attachés. Interdite. Elle qui s’attendait à être libérée. Non. Il avait sorti son carnet de contravention, il griffonnait dessus, très concentré, en observant Laurence. Cette dernière redoublait d’effort pour garder son calme, la bouche gorgée de salive, les poignets ankylosés. Peut-être que si elle avait eu les jambes ligotées un peu plus droit ça aurait été un peu moins inconfortable. Malgré tout, elle se disait qu’elle s’en sortait avec une simple amende, pas trop mal...

D’ailleurs, il venait de poser le PV sur la table. Il décrocha alors son téléphone et composa un numéro:

  • Appartement 32? (...). Oui. Lui-même. Votre femme est ici avec moi. Veuillez descendre d’ici quinze minutes, monsieur.(...) Précisément, monsieur, elles vous attendront. Quinze minutes, monsieur, pas avant. Merci de votre coopération.

Il rangea son téléphone, son carnet, son stylo, puis s’adressa à Véronique:

  • Madame, les services de l’état vous remercient de votre aide. Je ne doute pas que votre amie ici présente en fera de même. Comme vous avez pu l’entendre, votre mari viendra vous détacher toutes les deux dans un instant. Souhaitez-vous un bâillon avec que je prenne congé?

  • Non merci, lieutenant.

La main portée à la tempe, il salua, d’une manière très officielle et quitta l’appartement de Laurence.

...............

Je suis arrivé au centre d'aide en fin d'après-midi. L'adresse était la bonne: un petit local juste à côté de la banque et qui ne ressemblait à rien. J'étais souvent passé par là sans le remarquer et pour cause: pas de pancarte en façade, une porte toute simple avec juste des horaires affichés, extrêmement discret je dirais. C'était assez intrigant en fait.

Passée la porte, c'était une grande pièce carrelée, assez froide et vide. Un large bureau au fond et une petite porte sur le côté.

Je me suis avancé en me demandant si j'étais au bon endroit. Je m'imaginais déjà devoir expliquer mon affaire et demander mon chemin, ça aurait été vraiment gênant, mais tout s'est un peu éclairci. Oui, en fait, caché dans l'angle j'ai découvert un autre homme, de loin je lui aurait donné 25 ans tout au plus, en approchant, vu sa fine moustache peut-être 30 ans. La fille qui tenait l'accueil, une femme plutôt âgée, habillée à l'ancienne, tailleur droit très sombre, veste sombre et chemise blanche, se tenait derrière lui et terminait de serrer un collier en plastique autour de ses poignets, les mains devant lui. Il y avait aussi un gars immense dans une tunique d'infirmier, Terminator version africaine qui attendait l'air très sérieux. Honnêtement, j'ai failli faire demi-tour, j'ai dû me contrôler. Le temps d'arriver jusqu'au bureau, la femme venait de le bâillonner avec un foulard entre les lèvres et le nouait derrière sa tête, ce qui lui déformait la bouche avec un sourire artificiel. Elle avait serré, serré... Il baissait les yeux. Je n'ai pas croisé son regard: le grand mastodonte l'a emmené par la petite porte en le tenant par le bras.

J'ai continué de m'approcher. C'est elle qui a parlé la première, assise derrière son bureau.

  • Bonjour Monsieur.

  • Bonjour Madame...

  • Que puis-je pour vous?

Elle me regardait bizarrement derrière ses petites lunettes aux bouts pointus. Je me suis quand même lancé:

  • Hé bien, c'est... heu, un peu délicat. C'est la première fois que je viens ici et que...

  • Vous avez été convoqué?

  • Non, non, madame. Il se trouve qu'il y a eu des contrôles effectués par la Police Sanitaire la semaine dernière dans mon quartier, dans mon immeuble même à ce qu'on m'a dit. Ce sont des voisins qui m'en ont parlé, à vrai dire je n'ai rien vu ni entendu et personne n'est passé chez moi. Oh, d'ailleurs, je n'ai aucune inquiétude: ma femme et moi nous respectons la loi scrupuleusement.

  • C'est tout à votre honneur, monsieur. Rien que sur l'année écoulée, on compte une diminution des v i o l e n c e s courantes d'au moins 14%, ce qui semble prouver l'efficacité des lois qui ont été votées.

  • Oui, bien sûr, je comprends. Mais voilà, ma femme a dû partir à l'étranger il y a deux jours pour son travail. Le déplacement est un peu précipité et elle vient de m'annoncer qu'elle serait absente au moins deux semaines. Comme je vous le disais, nous suivons à la lettre les règles qui ont été instituées sauf qu'avec ce départ qui n'était pas planifié, j'ai peur de me retrouver en infraction. Oh, de quelques jours seulement. On m'a donc suggéré de passer vous voir, pour régulariser.

  • Et vous avez très bien fait, monsieur. Nous sommes là pour ça.

  • Parfait, parfait. A combien se montent vos... honoraires?

  • C'est gratuit, monsieur. Nous sommes un service public. Seul le bien commun et l'application de la loi nous intéressent.

Il y avait sur son bureau une sorte de micro. Elle s'est penchée en avant et s'est mise à appeler:

  • Joseph! Joseph, à l'accueil s'il vous plaît.

Joseph, mince. Avec ma chance, c'était le grand malabar que j'avais vu tout à l'heure. Un frisson m'a traversé tout le corps. Heureusement, c'est une voix autrement plus féminine qui a répondu:

  • Joseph a terminé sa journée, madame. Est-ce que je peux vous aider?

  • Ah, Noémie. Oui, s'il vous plaît. Un hôte à prendre en charge à l'accueil.

  • J'arrive, madame.

Je n'étais pas très à l'aise, j'osais à peine regarder cette Cerbère qui était là derrière son bureau. Fort heureusement, l'attente fut courte, à peine une minute.

Noémie se présenta par la petite porte sur le côté. Une jeune femme, la trentaine. Elle aussi avait des lunettes, petites et rondes celles-là, habillée d'une tunique entre rouge et bordeaux, pareille à ce que portent le personnel des hôpitaux, les cheveux tirant sur le brun, avec une petite cuche. Je devinais comme un t-shirt noir dessous.

  • Ah! Vous avez fait vite, merci. Tout se passe bien?

  • Oui madame, aucun problème.

  • Veuillez prendre en charge monsieur. Je vous ai sorti une fiche.

Effectivement, elle venait de poser une carte au coin du bureau, de loin une sorte de fiche cartonnée. Et aussi d'ouvrir un tiroir de son bureau pendant que Noémie fouillait dans sa poche. Elle en sortit un collier en plastique blanc, auto-serrant, un truc de bricolage qu'on trouve en grande surface, enfin, un peu plus large que la normale et s'avança vers moi.

  • Vos mains, s'il vous plaît.

Elle me saisit alors les poignets et tout comme cet homme que j'avais aperçu les attacha devant moi en resserrant le collier dessus. Ca pinçait un peu la peau, rien de méchant mais ça serrait bien. Ce qui a détourné mon attention un instant. Lorsque j'ai relevé la tête, l'autre, la femme de l'accueil était en train d'appliquer un morceau d'adhésif blanc sur ma bouche. Avec le recul, c'est peut-être ce qu'elle avait pris dans son tiroir, je n'avais pas vraiment fait attention. Par réflexe, je levai les mains vers ma bouche mais elle m'arrêta:

  • Laissez monsieur. La règle veut que l'on ne laisse pas nos hôtes circuler sans être bâillonnés et attachés un minimum, vous comprenez j'espère?

Je hochai la tête.

  • MMmmm

Sans un mot, elle se tourna alors vers Noémie. D'un simple haussement de sourcil l'affaire était entendue, mon bras agrippé et l'on m'emmena par la porte sur le côté.

Elle ne lâchait pas mon bras. Je faisais de mon mieux pour suivre mais elle marchait vite. Nous avons suivi un long couloir éclairé par des néons si forts que j'en avais presque mal aux yeux, passé deux portes battantes puis un nouveau couloir au milieu duquel nous avons croisé une autre femme, un tout petit peu plus âgée qu'elle je crois, même tenue, très blonde au cheveux courts qui nous adressa un grand sourire. Mon bâillon m'en empêchait mais par politesse j'étais tenté de lui adresser le même sourire en retour voire de lui dire bonjour. Jusqu'à ce que je réalise qu'elle s'en fichait de moi.

  • Bonne soirée Laure!

  • Merci. A toi aussi. Tu fais la nuit ou tu as bientôt terminé?

  • Dans une heure si tout va bien. J'en ai un au chaud et il me reste lui...

Elle parlait de moi mais ni l'une ni l'autre ne m'accordaient la moindre attention.

  • Bon, je ne te mets pas en retard alors. A demain!

Et nous avons donc continué. En fait, nous étions presque arrivés: à peine 5m plus loin, elle a ouvert une porte sur la gauche et m'a fait entrer dans sa pièce, une sorte de garage ou d'entrepôt en un peu plus chaud, de quoi ranger 3 ou 4 voitures, les murs peints en gris, plutôt austère à vrai dire, dépouillé c'est peut-être le mot.

Enfin elle m'a lâché le bras.

J'ai compté quatre poteaux alignés au milieu de la pièce. Il y avait aussi un petit bureau contre le mur et juste à côté de grandes étagères qui montaient jusqu'au plafond, remplies d'accessoires et d'outils et de l'autre côté, je ne l'avais pas vu tout de suite, il y avait un homme assis sur un lit en ferraille, un vieux machin qui date de l'armée quand le service militaire existait encore.

Mince! L'homme, un peu grassouillet, était presque nu assis juste au bord du lit. Devant lui par terre, il y avait des tapis de sol épais, genre tatami ou salle de gymnastique. Il était ligoté: les mains attachées dans le dos, les chevilles croisées et attachées avec de la corde grise assez épaisse. J'ai d'abord cru qu'il portait un vieux slip kangourou tout blanc mais non, en fait c'était une couche-culotte, modèle adulte. Oh, bon s a n g !

J'ai fait de mon mieux pour rester calme. Noémie elle continuait d'une manière tout à fait naturelle. Avec une pince, elle coupa le zip-tie qui me liait les poignets et le mit dans sa poche.

  • Déshabillez-vous s'il vous plaît, enlevez tout, je termine avec monsieur et je m'occupe de vous.

Sur l'instant, je me suis dit que moi aussi elle allait me mettre une couche, comme à cet homme. Pas fier que j'étais. Lui, il attendait.

Elle s'est approchée de lui avec un très grand verre d'eau et a sorti un gros bâillon-boule de sa poche peut-être, je n'ai pas bien vu tout perturbé que j'étais, et l'a enfoncé dans sa bouche, grande ouverte la bouche. Il s'est laissé faire, elle l'a bien serré derrière sa tête. Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre après tout?

Pendant ce temps, je me déshabillais lentement, chaussures, pantalons, etc... Puis elle l'a attrapé par les épaules et mis à genoux devant le lit. Il a accompagné le mouvement, docile, et s'est retrouvé à plat ventre sur l'un des tapis épais. Là, elle a plié une nouvelle corde en deux et l'a fait passer entre ses jambes puis entre ses bras, et elle a tiré tout doucement pour lui ramener les chevilles tout près de ses poignets. Le pauvre a laissé échapper quelques sons bizarres, "MMggmghhhh MMmmmm", au fur et à mesure qu'elle resserrait le hogtie.

Quant à moi, ça y est: j'étais nu comme un ver, les mains croisées devant moi pour tenter de cacher mes parties intimes. Je n'avais pas osé décoller le bâillon de ma bouche. Elle se releva et s'approcha. D'un coup sec, elle l'arracha, sans un mot, j'ai cru que mes lèvres étaient arrachées elles aussi, et consulta la fiche qu'on lui avait remise puis elle se mit à fouiller dans ses étagères.

  • Enfilez ça, monsieur.

Quelque part j'étais soulagé: elle me tendait des bas noirs, un porte-jarretelles et une petite culotte de la même couleur. En d'autres circonstances, j'aurais pu trouver ça sexy, si ça n'avait pas été pour moi. J'ai dû batailler pour les enfiler: je me sens plus à l'aise pour les enlever à quelqu'un. Quel jeu de patience!

Pendant que je m'affairais, elle prit mes chaussures, je crois pour vérifier ma pointure, et me proposa une paire de chaussures vernies à talons plats, pas très haut heureusement, 3 ou 4 cm, mais c'était bien assez pour moi, avec une grosse boucle métallique sur le dessus. Puis un imperméable en plastique transparent, un vêtement épais, presque rigide, qui tombait jusqu'à mes genoux. Un frisson me parcourut lorsque je l'enfilai, il semblait glacé alors qu'il faisait relativement chaud dans cette pièce.

Noémie restait devant moi en m'observant pendant que je boutonnai les pressions pour le fermer, jusqu'au coup. Puis elle boucla la ceinture en plastique qui faisait le tour de ma taille et chaque petite s a n g le sur les manches, juste au niveau des poignets.

  • Adossez-vous au poteau là-bas. J'arrive tout de suite.

Le poteau, oui, j'hésitai un peu, le plus proche je suppose. Mais lentement: je n'étais pas habitué à marcher avec ce genre de chaussures, pas du tout. J'imagine ma démarche de canard et je me sens encore misérable. J'y suis arrivé quand même, Noémie également, derrière moi, quelques cordes jetées sur l'épaule et une dans la main.

D'abord, elle m'a tiré les bras en arrière, les mains paume contre paume, et m'a attaché les poignets. Je ne pouvais pas voir mais j'ai bien senti la corde enroulée par dessus les manches de l'imperméable, toute la corde. Resserrée en passant entre les poignets. Puis elle a passé une autre corde sous mes bras, là, juste au-dessus des coudes, et elle a serré doucement pour les rapprocher l'un de l'autre avant d'enrouler tout ce qu'il en restait autour et de finir par un noeud solide. Finalement, ce poteau n'était pas si gros que je l'avais pensé en entrant, c'est ce que je me suis dit, et aussi que le plastique des manches c'était pas si mal: ça évitait que la corde ne morde la peau.

Ensuite elle s'est agenouillée devant moi, m'a rapproché les pieds, l'un tout contre l'autre et pris la dernière corde posée sur son épaule. Je crois qu'elle m'a attaché les chevilles de la même manière que les poignets: plusieurs tours bien réguliers formant une bande d'au moins dix centimètres, solides sans être trop serrés. A la différence près que pour terminer, elle a réussi à me coller les talons contre le poteau et à nouer la corde derrière.

  • Ca va?

  • Oui. Je ne...

  • Je demande ça parce que souvent les hommes manquent d'équilibre contre ce genre de pilier. Les femmes, elles, sont habituées à marcher sur des talons hauts, ça aide.

  • Ah! En eff...

Ce court moment de complicité s'arrêta net, l'index appuyé sur ma bouche.

  • Non. Taisez-vous, vous n'êtes pas sensé me parler. Je vais vous bâillonner bientôt.

De fait, je me tus. Elle retourna vers son bureau où elle consulta la fiche cartonnée qui lui avait été remise à l'accueil. Je sais à présent que ce sont des instructions détaillées pour attacher les "hôtes" mais je me demande encore qui rédige ces fiches et sur quelles bases.

A ce moment-là, l'homme par terre émit quelques sons bizarres et inattendus. Toujours en hogtie et bâillonné, il bougeait assez peu. J'avais remarqué qu'il levait parfois la tête, jetait un regard vers moi ou vers Noémie et reposait la tête à plat, un coup à droite, un coup à gauche, ou sur le menton. Il mâchouillait aussi régulièrement son bâillon-boule, en le repoussant un tout petit peu hors de sa bouche avant de le gober à nouveau, sans parvenir à couper le filet de bave qui en sortait. Je priais de mon côté pour ne pas avoir à porter une couche comme lui.

Noémie qui venait de prendre un rouleau de tape sur son étagère s'arrêta une seconde et attrapa un long morceau de tissu blanc. Elle se mit à genoux près de lui et lui essuya la bouche. Avec le tissu.

  • Ca y est?

  • GGghhghgh...

La première question était posée sur un ton poli. La suivante tenait plus de la réprimande, sèche, forte, directe:

  • Je vous ai demandé si c'était bon! Alors?

  • MMmmmmphphphffff!

Il hocha la tête.

  • Parce que sinon je vous remets un verre d'eau supplémentaire!

Elle disait cela la main accrochée à sa couche, en le secouant. Il hocha à nouveau la tête, de gauche à droite cette fois, histoire de bien se faire comprendre.

  • Je vérifierai, soyez-en sûr.

De retour, il secoua la tête, de haut en bas. L'affaire était entendue, je crois, bien entendue, pour lui comme pour Noémie. Celle-ci avait plié le morceau de tissu en une large bande. Elle était maintenant en train de l'appliquer sur ses yeux. Un noeud serré derrière la tête, un double même.

A mon tour, avec le tape gris. Elle commença par en dérouler un bon mètre devant moi qu'elle appliqua en travers de ma poitrine à hauteur des épaules avant de tourner tout autour de moi et du poteau, en tirant bien fort. Quatre tours, du solide. Puis quatre autres, cinq peut-être, je ne sais plus, à hauteur du bassin, emprisonnant mes poignets tout derrière. Il ne restait plus que mes genoux qui pouvaient encore bouger un peu mais ça avant qu'elle n'y passe quelques longueur de ruban adhésif. Et pour finir, mes chevilles, déjà attachées je sais.

Je la vis retourner vers l'étagère et y prendre un bâillon-mors tout noir. Oh! mon... Puis de se raviser. Je n'avais jamais essayé ce genre de bâillon, pas aujourd'hui, non. Un coup d'oeil sur la fiche et elle changea pour un bâillon-boule tout simple: une boule blanche en caoutchouc probablement, une s a n g le un peu large. Ca me convenait mieux. Quoi que... MMMmggghhh! Le diamètre n'était pas si normal que ça pour moi ou alors elle prenait un malin plaisir à me malmener en me l'enfonçant dans la bouche. Et puisque j'avais pas su me taire suffisamment, à serrer la s a n g le derrière ma tête sans aucune délicatesse aucune.

Elle a tourné un peu autour de moi, l'air de vérifier que j'étais bien ligoté, puis elle est retournée vers son bureau. Un peu de rangement, quelques bricoles vidées dans la corbeille. Elle s'est assise, une chaise sur le côté, et a commencé à remplir de la paperasse. Je la voyais tourner les pages d'un formulaire, les retourner, gribouiller quelques lignes au crayon gris en relevant la tête de temps en temps vers moi, indifférente, mais je regardais la plupart du temps droit devant moi dans le vide ou vers l'autre attaché par terre. La mâchoire un peu engourdie, je me disais que moi aussi j'allais bientôt commencer à baver, ça ne faisait pas envie.

Il n'y avait pas de pendule dans cette pièce, on perdait facilement la notion du temps. Régulièrement Noémie regardait sa montre puis replongeait dans son formulaire. Au bon moment je suppose, elle s'est levée et s'est approchée de l'autre. D'abord le bandeau, ensuite le bâillon et les cordes une par une soigneusement, elle a tout défait.

  • Debout.

Il a obéi sans broncher, il attendait face à Noémie qui lui a ôté la couche en défaisant des petits bouts autocollants et comme elle baissait la tête, j'ai compris qu'elle vérifiait s'il avait bien... enfin... si elle était propre.

  • Bien. Vous allez vous rhabiller dans la salle de bain au fond. J'appelle quelqu'un pour vous ramener.

Elle montrait du doigt le côté opposé de la pièce. L'homme disparut tout là-bas alors qu'elle retournait vers la porte d'entrée en passant devant moi. Petit coup d'oeil discret, sûr qu'elle avait remarqué le filet de salive qui coulait sur mon menton.

  • Service pour Noémie, service pour Noémie.

Elle avait appuyé sur le bouton de l'interphone et attendait.

  • Service. J'écoute.

  • Fin de séance. Une personne.

  • Très bien. J'arrive.

Un grésillement dans l'interphone mit fin à la conversation. Ca sentait le matériel pas très récent, on aurait dit un talkie-walkie. Au même moment, l'homme grassouillet sortait de la salle de bain, habillé cette fois, et il donnait une toute autre impression: pantalon de costume, chemise bleue et cravate sombre. Le visage de Noémie se fit beaucoup plus accueillant, à l'opposé de ce qu'elle laissait paraître cinq minutes plus tôt, souriante.

  • Quelqu'un va venir vous chercher d'ici peu. Je vous prépare?

Il ne répondit pas, se contenta de tendre les poignets devant lui. Noémie sortit de sa poche un nouveau collier de serrage en plastique et lui attacha les mains. Puis elle passa derrière lui et le bâillonna avec un foulard blanc, très probablement celui qui avait servi de bandeau tout à l'heure, passé dans sa bouche et noué si serré que ça lui dessinait un faux sourire sur le visage.

Lui se laissait faire mais tachait ne pas regarder vers moi, ce qui m'arrangeait bien d'ailleurs. Il attendait maintenant tranquillement, laissant ses mains reposer devant lui.

Noémie, elle, s'approcha enfin, le regard posé sur mon menton et sur la trace de salive qui continuait de couler malgré tous mes efforts; une trace s'était même formée à mes pieds. J'aurais été heureux qu'elle puisse m'essuyer un peu la bouche. Malheureusement, c'est à ce moment-là qu'on frappa à la porte.

Une homme entra, un type assez grand, plutôt costaud, en uniforme.

  • Bonsoir Noémie.

Il s'avança un peu, l'air d'observer tout.

  • Ah, lieutenant! Vous avez fait vite, je vous remercie. Le voici.

Un coup de tête sur sa gauche en direction de l'homme grassouillet puis il s'approcha, le regard fixé sur moi. Son air me terrifia littéralement, je me demandais bien ce qu'il me voulait, avec ses sourcils froncés.

  • Un problème lieutenant?

  • Je ne...

Il continuait de m'inspecter, ça ne me rassurait pas du tout, comme s'il voulait vérifier que j'étais bien attaché ou suffisamment.

  • J'ai l'impression de connaître ce... Non, oubliez, je dois confondre.

Puis tout bas.

  • Dites-moi Noémie, j'ai vérifié le planning, vous finissez d'ici peu mais... C'est pour la sous-directrice.

  • Encore!

  • Ecoutez, je ne sais pas, elle vise peut-être une promotion. En tout cas, elle insiste pour que ce soit vous qui la preniez en charge. Est-ce que vous êtes d'accord? Si je l'amène tout de suite, ça vous fait à peine déborder d'un quart d'heure: je ferme l'accueil et je demande à Christiane de passer la libérer.

Noémie acquiesça de la tête, genre: affaire conclue, et laissa le lieutenant s'éloigner, non sans m'avoir lancé un méchant regard, agrippant au passage l'autre hôte qui attendait sans rien dire et une petite corde qui traînait par terre.

  • Je vous prends ça. Pour la sous-directrice.

Une fois partis, enfin elle s'approcha plus près de moi et daigna m'essuyer la bouche.

  • MMMmmmmeeee-sssssssi.

  • Chut! Ne dites rien. Je voulais surtout vous prévenir que ça risque de durer un petit peu plus que prévu.

Sans doute la surprise, je me mis à me débattre, oh juste une seconde, ça ne servait à rien, elle m'avait ligoté efficacement.

  • MMmmmphphhhhh.

  • Ne vous inquiétez pas, je le noterai dans mon rapport, ce sera pris en compte.

La belle affaire, son rapport...

Après quelques minutes, le lieutenant se présenta, accompagné d'une grande fille rousse, la sous-directrice a priori, cheveux mi-longs, jusqu'aux épaules, pantalon noir, pull vert foncé sous lequel on devinait un chemisier blanc, des chaussures à talon épais qui la remontaient d'une dizaine de centimètres. Ses mains étaient attachées dans le dos et elle était bâillonnée avec un large foulard noir trop serré. Il remit à Noémie une fiche.

  • Appelez Christiane quand elle est prête. Je vous laisse. Au revoir.

Il y eut un moment de blanc, plus un bruit. Noémie parcourait la fiche tout en s'approchant la femme. Elle fit glisser le bâillon:

  • Merci Noémie.

Puis elle entreprit de lui délier les poignets au lieu de quoi elle se mit à râler:

  • Oh, non. Mais quel cochon! C'est fait n'importe comment.

  • Allons, allons. L'important, c'est qu'ils restent attachés le temps d'arriver ici, non?

  • Oui mais quand même, madame la sous-directrice... Veuillez vous déshabiller, s'il vous plaît, slip et soutien-gorge.

  • Bien sûr.

La sous-directrice s'exécuta, ôtant son pull, son chemisier, son pantalon, bref tout, pendant que Noémie allait récupérer un rouleau d'adhésif transparent. Bientôt elle se retrouvait en slip blanc et en brassière, pas exactement ce à quoi on pouvait s'attendre, mais certainement quelque chose de confortable.

  • Et pour continuer, ne vous arrêtez pas à des détails: il y a plus important. Et puis qu'est-ce qu'on dirait si nous les cadres nous étions traités différemment des autres? C'est une question de crédibilité.

  • Bien sûr, madame, je comprends.

  • D'ailleurs, je voulais vous remercier de bien vouloir me prendre comme ça à l'improviste.

  • C'est normal, madame la sous-directrice.

  • Non, non. J'insiste. Je tenais vraiment à ce que ce soit vous. D'autres ont tendance à prendre trop de précautions avec moi. Avec vous, je me sens comme n'importe qui, tenez, comme cet homme là.

Elle me montrait, moi.

  • Bien attaché. Du beau travail.

Ignorant le compliment, Noémie continuait ce qu'elle devait faire. Avec un rouleau de duct tape. Elle s'était positionnée derrière elle et lui avait tiré les bras dans le dos en lui mettant les mains paume contre paume. La sous-directrice se retrouvait dans une position peu agréable, penchée en avant, pendant que Noémie lui attachait les mains, d'abord les poignets, puis remontant petit à petit le long de ses avant-bras. Avant d'arriver aux coudes, elle déchira l'adhésif d'un coup de dents et découpa une longue bande qu'elle appliqua sur les mains de sa captive.

  • Ah, oui, quand même...

Sans doute espérait-elle poursuivre un semblant de discussion. Raté: son employée n'était pas des plus bavardes, non, elle restait concentrée. Je la voyais un peu en retrait, parcourir son étagère où elle prit, je n'en suis pas sûr, mais ça ressemblait à une culotte un peu chiffonnée qu'elle renifla avec un mouvement de recul de la tête.

Elle revint devant sa supérieure.

  • Alors, qu'est-ce que...

  • Veuillez vous taire, madame, vous n'êtes pas supposée parler.

  • Oui, bien sûr. Excusez-moi.

Et de lui enfoncer la culotte roulée en boule dans la bouche, sans ménagement et sans attendre que la sous-directrice ne s'y prépare. Elle aimait qu'on ne la ménage pas, elle était servie. Encore plus lorsque quelques tours d'un adhésif transparent furent ajoutés par-dessus et tout autour de sa tête. Ca au moins, ça l'empêcherait de recracher son bâillon, et tant pis pour ses beaux cheveux roux.

Ses jambes furent ensuite attachées avec deux bandes de duct tape, la première appliquée au-dessus de ses genoux, la seconde autour de ses chevilles. Du beau travail, hein! Quand bien même ma position devenait de moins en moins confortable - à nouveau la salive coulait sur mon menton - je me réjouissait de ne pas être le seul sévèrement ligoté ici.

Je me trompais, dans le sens où ça n'était pas encore fini: Noémie venait en effet de sortir deux sacs en plastique, des sacs poubelle tout noirs et brillants, du plastique épais et résistant. Elle découpait un grand V dans le fond du premier, avec des ciseaux, sous les yeux écarquillés de sa prisonnière. Savait-elle ce qui l'attendait? L'ouvrit et l'enfila par dessus sa tête jusqu'à ce qu'elle ressorte par l'ouverture qu'elle venait de pratiquer. Puis elle le scotcha avec son tape gris en plusieurs endroits: autour des épaules, sous les seins et à la taille, sans lésiner sur la quantité ni sur le serrage.

Avant d'utiliser le second, elle fit asseoir le belle rousse au bord d'une chaise, pas longtemps, juste pour enfiler le sac sur ses jambes par les pieds et le scotcher par dessus ses chevilles. La sous-directrice fut ensuite relevée, le sac remonté jusqu'à sa taille environ et scotché solidement: à la taille par dessus le premier, très haut sur les cuisses et sous les genoux. Emballée comme un paquet cadeau, prête à livrer! Puis déposée à même le sol, allongée par terre et laissée là.

Pendant quelques minutes, je l'ai vue, entendue surtout, se rouler et gigoter. Elle se tournait et se retournait, pareille à un ver de terre qui avance, pour trouver sa position, quelques centimètres à peine, dans un froissement de plastique qui résonnait dans la pièce, les yeux fermés. Et soudain elle s'est arrêtée: silence complet, immobile. Plus un bruit, plus un gémissement. Un clignement de temps en temps.

J'essayais d'être aussi serein. Je ne l'étais pas. Le bâillon devenait de moins en moins supportable, tout mon corps fatiguait.

La femme de l'accueil est finalement arrivée, Christiane, je connaissais son nom à présent, toujours aussi rigide.

  • Bonsoir Noémie.

  • Bonsoir, madame.

  • Vous pouvez partir maintenant. Je m'occupe de ces deux personnes.

  • Merci, madame. Bonne soirée.

C'est autour de moi qu'elle est d'abord venue tourner, je commençais à en avoir assez de cette manière, je m'énervais, je m'impatientais. Dans un élan, je me suis mis à tirer de partout, à gigoter.

  • Monsieur... Du calme. Je vous détache. Noémie a bien consigné dans ses notes que vous êtes resté plus longtemps que prévu. En théorie ça ne vous donne droit à rien mais en cas d'infraction l'information remonte vite à nos équipes et elles savent se montrer compréhensives.

Déjà, elle avait commencé à me détacher, ça prit bien cinq minutes. Plus ensuite le temps d'aller me rhabiller dans la salle de bain du fond. A mon retour, la sous-directrice était libre elle aussi et presque prête.

Je n'avais plus qu'une envie, m'en aller. Mais c'était oublier une petite formalité: on ne laisse pas nos hôtes circuler sans être bâillonnés et attachés un minimum. En l'occurrence, menottés les mains dans le dos, la sous-directrice aussi, et un morceau tout simple de tape collé sur la bouche. Nous sommes retournés comme ça à l'accueil. J'ai attendu que la Miss Cerbère me sorte un certificat après quoi elle m'a libéré.

Je suis parti sans demander mon reste.

(...)

  • Je suis tellement désolée, mon chéri. Tout ça à cause de moi. Si seulement je m'étais rappelée de ça la veille de partir.

  • Non, non, ce n'est pas de ta faute.

  • Tu es gentil...

  • Tu rentres quand?

  • Mardi en 8 si tout va bien. Tu as hâte de me voir?

  • Evidemment. Mais je me dis aussi qu'il ne faudra pas tarder: dès ton retour, tu seras en infraction vis-à-vis de la loi...

Utten

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